Prison et santé mentale : "Punir ou guérir?"
FRESQUES comme FOUILLER - REFLECHIR -EXPLIQUER - SIMPLEMENT - QUESTIONNER - UTILEMENT - ECONOMIE- SOCIETES. FRESQUES : Un outil de sensibilisation par les podcasts qui propose d’apporter un éclairage grâce à la recherche scientifique sur les problématiques économiques et sociales du monde dans lequel nous vivons. Mieux comprendre notre place dans la société, les mécanismes des inégalités, les défis sociaux et économiques et de susciter efficacement des prises de conscience et des questionnements ….. , apporter un éclairage par une transmission de connaissances issues des recherches des chercheurs et enseignant-chercheurs du Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (CLERSE1 ) et par leur expertise scientifique en sciences économiques et sociales.
- 1CLERSE - ULille/CNRS
Entretien avec Clément Beunas, spécialiste de la sociologie de la déviance et de la prison. Il a soutenu sa thèse en sociologie au Clersé UMR8019 à l’Université de Lille en 2022. Elle porte sur la construction politique et médiatique de la lutte contre la radicalisation. Chercheur associé au Clersé, il est actuellement en postdoctorat auprès de la Fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale des Hauts-de-France (F2RSM Psy). Dans ce cadre, il a réalisé une enquête qualitative sur la santé mentale en prison, sous la supervision scientifique de Gilles Chantraine et de Camille Lancelevée.
Suite au récent rapport paru de cette recherche commandée par la direction de l’administration pénitentiaire, dans cet épisode du podcast FRESQUES du Clersé, Clément Beunas aborde la santé mentale en prison à partir des résultats de son enquête et de la littérature scientifique. Cette enquête sociologique porte sur l’effet de l’incarcération sur la santé mentale des personnes détenues.
Après avoir donné des éléments de contexte sur la prison et la population carcérale aujourd’hui, qu’il explique majoritairement composée de personnes socialement très défavorisées, il précise comment il a conduit auprès des personnes détenues cette enquête qualitative en prison, depuis leur incarcération jusqu’à leur troisième mois de détention.
Il précise en quoi la sociologie permet d’apporter un éclairage sur l’enfermement. Les inégalités sociales hors de la prison se retrouvent dans la prison, parfois même elles sont amplifiées et donc les détenus ne sont pas tous égaux, selon leur capital social à l’entrée de la prison, dans la gestion de l’enfermement et de leurs troubles psychiatriques. Il perçoit aussi des différences dans le vécu de la détention entre les hommes et les femmes.
Si des individus sont incarcérés avec des troubles psychiatriques, cela serait lié à trois facteurs: au développement d’une psychiatrie dite « de secteur », au moindre recours au principe d’irresponsabilité pénale et enfin à l’offre de soins qui s’est développée en prison ces dernières années.
Il nous éclaire sur les dispositifs mis en place, ceux-ci pouvant varier d’une prison à l’autre selon différents paramètres (exemples : taille, ancienneté de l’établissement …), ce qui pose la question de l’accès aux soins et le développement du soin en milieu pénitentiaire.
Enfin, il revient sur le résultat principal de l’enquête, et nous éclaire en quoi les études sur la prison sont pertinentes, car elles questionnent l’état de notre société dans son ensemble.