Portrait de Science | 3 Questions à Sandra Derouiche
Sandra Derouiche est Ingénieure transfert au sein de la Délégation CNRS Hauts-de-France
Quel est votre parcours ?
J’ai toujours été fascinée par le fonctionnement de notre organisme, qui reste encore aujourd’hui une machine complexe et pleine de mystères. Après des études supérieures en biologie, c’est tout naturellement que j’ai entrepris un doctorat en biologie cellulaire et moléculaire à l’Université de Lille, effectuant mes recherches au sein du Laboratoire de Physiologie cellulaire (PhyCell)1 . Suite à l’obtention de ma thèse en 2012, je suis partie au Japon pour effectuer un post-doctorat au National Institute for Physiological Sciences à Okazaki, près de Nagoya. J'ai continué d'évoluer dans cette institution, d'abord en tant que chargée de recherche, puis en qualité de maîtresse de conférences. Tout en profitant de cette expérience enrichissante - autant du point de vue scientifique que culturel - à l’autre bout du monde, j’ai ressenti le besoin de me lancer un nouveau défi professionnel. Après sept ans passés au Japon, je suis revenue en France pour débuter une reconversion dans le développement commercial en entreprise. Cependant, la recherche scientifique me manquait terriblement ! J’ai alors rejoint Eurasanté comme business developer avant d’intégrer le CNRS en qualité d’ingénieure transfert le 1er mars 2024. J’opère maintenant au sein de la Délégation Régionale Hauts-de-France comme membre du Service Partenariat et Valorisation (SPV).
Quelles activités exercez-vous en qualité d'ingénieure transfert ?
Mon rôle principal est de développer des partenariats entre le monde de la recherche et le secteur industriel. Concrètement, je travaille à la création de nouvelles collaborations public-privé et à la mise en avant des expertises des unités de recherche des Hauts-de-France auprès des entreprises. Aussi, la connaissance de mon écosystème professionnel me permet d’identifier les équipes de recherche les plus pertinentes et de proposer l’offre partenariale adaptée à chacune des demandes.
Ingénieure transfert rattachée au SPV, j’ai un statut particulier par rapport à mes paires qui exercent en unité de recherche. En lien avec le SRESRI2
, nous avons lancé l’action « Chasser en meute », portée par le CNRS Hauts-de-France et la SATT Nord. C’est une approche concertée, en réseau, qui concerne tous les acteurs en Recherche et Innovation de la région Hauts-de-France : universités, écoles, partenaires socio-économiques (CCI, HDFID, pôles de compétitivité, incubateurs)... Par ce dispositif, je recueille et collecte les besoins d’entreprises innovantes, les qualifie et identifie les acteurs appropriés pour répondre à ceux-ci. Je suis le point de contact privilégié pour les entreprises, et je leur assure également un suivi et un accompagnement personnalisé. Cela permet de faire gagner du temps aux entreprises tout en les mettant en confiance et de fluidifier leurs échanges avec tous les acteurs Recherche et Innovation. À terme, l’acquis de retours d’expériences et l’identification de points de blocage permettront de ne pas reproduire les mêmes erreurs dans de futures collaborations.
En quoi le "collectif" est-il une force dans votre quotidien professionnel ?
Dans mon corps de métier, il est impossible de travailler seul. J’ai besoin des connaissances de chacun afin d’en tirer parti et de mener à bien mes missions. Je suis ainsi reconnaissante de pouvoir m’appuyer sur le réseau des partenaires de l’action « Chasser en meute » mais aussi celui des chargés d’affaires de mon service, qui ont en tête les champs d’expertise des unités de recherche de la circonscription. Le collectif est aussi une des grandes forces du « programme ingénieurs transfert » mené par le CNRS : je m’appuie sur ce réseau pour orienter les entreprises vers d’autres laboratoires nationaux lorsqu’une solution locale n’est pas identifiée. Par ailleurs, on recense à ce jour environ 70 ingénieurs transfert répartis à travers toute la France. L’objectif est de toujours trouver une solution pour l’entreprise et ne pas la laisser seule avec son besoin !
Le collectif est aussi une notion essentielle au Japon : c’est le bien de la communauté qui prime sur le bien personnel. J’ai adhéré à cet esprit collectif, que j’insuffle, à ma manière, en France et dans mon métier.
Mini-biographie
2012 : Obtention d'un doctorat en biologie cellulaire et moléculaire à l'Université de Lille
2013-15 : Post-doctorat au National Institute for Physiological Sciences à Okazaki (Japon)
2015-21 : Nommée chargée de recherche puis maitresse de conférences au National Institute for Physiological Sciences
2021-23 : Business developer à CliniSciences puis Eurasanté
2024 : Entrée au CNRS au titre d'ingénieure-transfert