Portrait de Science | 3 Questions à Stéphane Aloïse

Portrait de Science Chimie

Stéphane Aloïse est enseignant-chercheur à l'Université de Lille et au sein Laboratoire de Spectroscopie pour les Interactions, la Réactivité et l’Environnement (LASIRE1 ).

  • 1LASIRE - CNRS/ULille

Quel est votre parcours ?

J’ai débuté mon cursus universitaire par une licence et une maitrise de physique-chimie. Choisir entre ces deux disciplines fut un véritable crève-coeur, mais j’ai poursuivi mes études en master 2 de physique fondamentale. Par la suite, j’ai entamé une thèse consacrée à la physique atomique : j’ai étudié pendant trois ans les atomes de gaz rares combinant l’usage de synchrotron et de laser. Le métier d’enseignant-chercheur était une vocation : après deux années passées en tant qu’attaché temporaire d'enseignement et de recherche à Paris puis Lille, je suis devenu à seulement 27 ans maître de conférences à l’Université de Lille. Ma double casquette en chimie et en physique a été fortement appréciée pour rejoindre le Laboratoire de Spectroscopie pour les Interactions, la Réactivité et l’Environnement (LASIRE) dans le but d’explorer, à l’aide de la technique de spectroscopie laser d’absorption femtoseconde, différentes thématiques en photochimie organique. Enfin, je suis récemment devenu le Directeur d’Étude du master d’excellence international de chimie parcours Integrated Research for Advanced Chemistry and Materials (IRACM), en lien avec cinq laboratoires lillois sous cotutelle CNRS1 .

Quel est votre principal sujet de recherche ?

Je suis spécialiste des molécules photo fonctionnelles, étudiées par le biais de la spectroscopie d’absorption ultra-rapide. Ces dix dernières années, j’ai consacré la plupart de mes travaux aux molécules photochromiques : ces dernières possèdent la capacité de changer de couleur suite à une absorption de lumière, et ce de manière réversible. Le grand public connaît majoritairement ce processus via les verres photochromiques de lunettes, qui se teintent en fonction de la quantité d’ultraviolet (UV) à laquelle ils sont soumis. J’étudie ainsi les mécanismes responsables de ce changement de couleur, et cherche à optimiser les performances des matériaux photochromiques.

J’ai pour habitude de mener des travaux de recherche qui font la part belle à la science fondamentale, à laquelle je suis très attaché. Toutefois, je me suis récemment intéressé à des aspects plus « applicatifs » en analysant des fibres textiles photochromiques et photomécaniques (changement de forme). Membre de l’équipe « Photodynamique, confinement, solvatation » pilotée par Vincent De Waele, je profite des équipements de pointe du LASIRE, qui est par ailleurs l’un des laboratoires de chimie qui possède le plus gros parc de spectroscopie transitoire en France.

logo IRACM
« Le master IRACM permet d’attirer les meilleurs étudiants du monde entier et a pris une place très importante dans ma vie. En plus, ce LOGO a été élaboré par ma nièce adorée Laurine Achoui ! »

Vous avez travaillé avec Anne L'Huillier, récente Prix Nobel de Physique. Que retenez-vous de cette collaboration ?

C’était il y a longtemps mais j’en garde évidemment un excellent souvenir ! Anne L’Huillier travaille sur les impulsions attosecondes, des processus qui relèvent de la science très fondamentale. J’ai participé avec elle à une publication sur la génération d’harmonique pour faire de la spectroscopie pompe-sonde sur l’atome d’hélium. Je partage ainsi avec Anne la volonté d’appréhender tous mes travaux du point de vue de la recherche fondamentale, ce qui m’a permis de devenir le photochimiste rigoureux que je suis aujourd’hui. Évidemment, ces dernières années je me suis ouvert à une science plus appliquée - avec l’aide des financements par appel à projets - mais jamais au détriment de la science pure.

« Toujours soutenir la science fondamentale » serait mon leitmotiv. C’est dans ce sens que j’ai participé à la création du master IRACM. L’idée est de donner la possibilité aux étudiants de s’immerger dès le master au sein des unités de recherche lilloises de chimie, les aider à réaliser des manipulations en présence du personnel de recherche, leur donner le goût de la recherche... et pourquoi pas les encourager vers le doctorat. Nous ne sommes pas peu fiers de nous enorgueillir d’un taux d’intégration en doctorat de 87% pour la promotion 2021 ! Je suis ainsi attaché à l’accompagnement et au « coaching » des étudiants internationaux pour leur donner envie d’intégrer notre master et contribuer à rendre la recherche encore plus forte sur le territoire régional.

  • 1Unité de catalyse et Chimie du solide, Laboratoire de Spectroscopie pour les Interactions, la Réactivité et l’Environnement, Unité Matériaux et Transformations, PhysicoChimie des Processus de Combustion et de l’Atmosphère, Institut d’Electronique, de Microélectronique et de Nanotechnologie

Mini biographie

2002 : Obtention d’un doctorat en physique atomique à l’Université de Lyon
2003 : ATER au LASIRE
2004 : Nomination en tant que maître de conférences à l’Université de Lille
2016 : Obtention de l’Habilitation à diriger des recherches (HDR)
2021 : Création du master IRACM à l’Université de Lille

Contact

Stéphane Aloïse
Enseignant-chercheur