Portrait de Science | 3 Questions à Ludovic Lesven

Quel est votre parcours ?

Breton d’origine et habitant au bord de la mer, j’ai très vite été sensibilisé aux questions environnementales et aux problèmes de pollution dans le milieu marin (eutrophisation, catastrophes pétrolières…). Ce n’est sûrement pas un hasard si j’ai choisi de réaliser une Licence de chimie puis un Master en sciences chimiques de l’environnement marin à l’Université de Brest. Ce cursus m’a permis de faire la rencontre de nombreux professeurs qui m’ont fait rêver par leurs travaux et leurs expéditions, puis qui m’ont donné une ouverture culturelle sur la mer assez importante. En 2005, c’est dans l’équipe de Chimie Marine du Laboratoire Géosystèmes à Villeneuve-d’Ascq que j’ai eu l’opportunité de débuter un doctorat en Chimie de l’environnement Aquatique. Par la suite, j’ai réalisé un postdoctorat à Toulouse lors duquel j’ai développé un capteur autonome et électrochimique pour la mesure des silicates dans l’océan. A son terme en 2011, j’ai fait mon retour dans les Hauts-de-France et j’occupe à présent le poste de maître de conférences à l’Université de Lille et celui de chercheur au LASIRE.

Quel est votre principal sujet de recherche ?

J’étudie le comportement, la réactivité et le suivi des métaux et du soufre dans des environnements aquatiques variés à l’interface entre l’eau et le sédiment. C’est un sujet de recherche qui revêt une importance capitale car la pollution dans ces milieux peut affecter, entre autres, la biologie aquatique... Pour investiguer, je jongle entre des campagnes de prélèvements sur différents sites d’étude répartis sur le territoire, le traitement et l’analyse des échantillons en laboratoire, et enfin l’interprétation et la modélisation des résultats. Parallèlement à ce premier volet, j’ai également décidé de consacrer une partie de mes recherches au développement d’outils de mesures in situ dans le but d’abaisser le pourcentage d’erreurs dû aux différentes étapes de prélèvement. Récemment, j’ai eu la chance de partir en expédition scientifique sur les îles Kerguelen avec deux autres chercheurs de l’Université de Lille afin de mesurer les effets du changement climatique. En plus d’avoir pu apporter mes compétences de chimiste à l’équipe, cette expérience m’a aussi permis de mener différentes actions de médiation scientifique auprès du jeune public. Du point de vue personnel, cette expérience exceptionnelle dans un milieu extrême constitue l’aboutissement de l’un de mes rêves de jeune étudiant.

Vous avez été désigné cette année Ambassadeur de la Fête de la Science en Hauts-de-France. Qu'évoque pour vous la médiation scientifique ?

J’ai accepté cette invitation parce qu’il s’agit de la suite logique de ce que j’ai entrepris en médiation scientifique depuis le début de ma thèse. Cela valorise aussi ce que j’étudie dans ma spécialité. Ce qui m’anime, c’est partager des connaissances avec différents publics, afin que chacun puisse comprendre chaque sujet de façon optimale. Plus largement, faire de la médiation me parait être un bon moyen de sensibiliser le public aux thématiques actuelles, environnementales et sociétales, tout en leur donnant la possibilité d’agir en connaissance de cause.
Il est important de favoriser l’émergence d’un esprit critique permettant de faire face à la quantité abondante et parfois erronée d’informations qui nous entourent. Pour ce faire, j’interviens lors d’ateliers pendant la Fête de la Science, de conférences, de classes « transplantées » sciences, mais aussi en rédigeant des articles de vulgarisation, en endossant le rôle d’un chroniqueur sur Radio Campus dans une émission baptisée « L’empirique contre-attaque », mais aussi parfois sur scène en faisant du stand-up !