Batteries sodium-ion : « une première mondiale dont nous sommes très fiers »

Innovation Chimie

Alors qu’elle commercialise le premier produit grand public alimenté par la technologie de batteries sodium-ion, la spin-off du CNRS Tiamat (issue du Réseau français sur le stockage électrochimique de l'énergie - RS2E) a d’autres grands projets. Son président, Hervé Beuffe, nous en dit plus.

Vous commercialisez un tournevis sans fil chez Leroy Merlin. En quoi est-ce une étape clé de votre entreprise Tiamat ?
Hervé Beuffe : Cette commercialisation est notre toute première et c’est surtout une première mondiale dont nous sommes très fiers : aucune autre société dans le monde n’a à ce jour commercialisé un produit grand public alimenté par la technologie de batteries sodium-ion, quelle qu’elle soit. Ce tournevis sans fil sera en rayon dans certains Leroy Merlin dès le mois d’octobre.

Cela marque aussi une nouvelle étape structurante pour notre start-up Tiamat, créée en 2017 et implantée à Amiens : à partir de l’année prochaine, nous allons devoir livrer de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de milliers de cellules chaque année, pour accompagner l’adoption de la technologie sodium-ion par ce client.

Tout cela a été rendu possible grâce aux inventions des chercheurs du CNRS à l’origine de la technologie, coordonnés par le Professeur Tarascon, et à leur volonté de créer Tiamat, ainsi que grâce au portefeuille de brevets dont nous bénéficions via notre accord de licence exclusive – véritables fondations de notre startup à partir desquelles nous avons développé le produit et ses marchés. Sans oublier la force du Réseau sur le stockage électrochimique de l’énergie (RS2E) du CNRS auquel nous appartenons : rassemblant des acteurs publics et privés, celui-ci accélère depuis 2011 la recherche fondamentale et l'industrialisation des nouvelles technologies de batteries et de supercondensateurs.

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Cellules de batterie sodium-ion produites par Tiamat © Cyril FRESILLON / Tiamat / CNRS Images

Qu’apporte cette technologie de batteries sodium-ion que vous avez développée ?
H. B. : Les batteries que Tiamat conçoit, développe et produit reposent sur les ions sodium. Elles s’affranchissent du lithium et du cobalt habituellement utilisés – des ressources en tension dont la dépendance géostratégique affaiblit la souveraineté – et en pallie certaines limites. Ainsi, nos batteries sont plus durables – avec une durée de vie de 10 ans contre 3-4 ans pour celles au lithium dans des conditions d'usage continu – et 10 fois plus rapides à recharger (en 5 minutes seulement). Et ce, à coût équivalent aux technologies basées sur le lithium. Il s’agit donc d’une alternative écologique, économique et fiable.

Quelle est l’étape suivante pour votre entreprise ?
H. B. : Nous allons passer au stade industriel et construire notre première véritable usine de batteries sodium-ion d'ici à 2025. Cette unité de production aura pour objectif de produire entre de 500 000 et 700 000 batteries par jour. À terme, cela devrait créer un millier d’emplois, ce dont notre start-up, qui emploie aujourd’hui 20 personnes, se réjouit. Pour cela, nous devons clôturer d'ici à la fin de l'année un tour de financement de plus de 100 millions d'euros, dont 50 millions en fonds propres – beaucoup plus important que nos deux précédents tours de table qui cumulaient 5 millions d’euros de financement. Nous y travaillons avec entrain.

Quelles sont vos ambitions à long terme ?
H. B. : Notre technologie devrait faciliter les usages dans la mobilité électrique ou encore le stockage d’énergies renouvelables intermittentes (éolienne ou solaire) via des batteries stationnaires. Nous nous intéressons notamment aux flottes de véhicules en location, qui requièrent des temps de recharge courts et nécessitent une continuité de service aux usagers. Nous avons déjà équipé, pour preuve de concept,  des trottinettes, des chariots élévateurs et des scooters électriques. D’autre part, nous souhaitons vendre nos batteries dans toute l’Europe. Il va donc falloir réussir l’entrée sur le marché des gros volumes (automobile, stationnaire), autrement plus exigeant en termes d’homologation, tout en développant notre deuxième génération de batteries sodium-ion, dans un contexte très concurrentiel.

Tiamat | Le CNRS à VivaTech

 

#CNRSxStartUp | #Tiamat conçoit, développe et produit des batteries utilisant des ions sodium dans un format industriel standard. Ces batteries pourront pallier certaines limites des batteries lithium-ion, aujourd'hui dominantes, comme la vitesse de recharge, la durée de vie ou le coût de production. Implantée à Amiens, cette jeune société, issue du Réseau français sur le stockage électrochimique de l'énergie (RS2E) porté par le CNRS, dispose aujourd'hui de plusieurs dizaines de prototypes fonctionnels. Certains, notamment une trottinette électrique, seront présents sur le stand du CNRS.

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#CNRSxStartUp | #Tiamat conçoit, développe et produit des batteries utilisant des ions sodium dans un format industriel standard. Ces batteries pourront pallier certaines limites des batteries lithium-ion, aujourd'hui dominantes, comme la vitesse de recharge, la durée de vie ou le coût de production. Implantée à Amiens, cette jeune société, issue du Réseau français sur le stockage électrochimique de l'énergie (RS2E) porté par le CNRS, dispose aujourd'hui de plusieurs dizaines de prototypes fonctionnels. Certains, notamment une trottinette électrique, seront présents sur le stand du CNRS.